ILLICO

À peine un film à son actif (« Crustacés et
Coquillages » des Ducastel-Martineau qui sort en DVD), une pièce
à l’affiche (« Un Cœur Sauvage »), soit deux beaux rôles
de gay, et voilà Édouard Collin, 18 ans au compteur, bien ancré
dans notre imaginaire collectif…
Il vient d’avoir 18 ans, il est français « parigot
de naissance » et apparaît déjà en une d’un récent numéro de « The Advocate », le principal magazine gay américain. Parce
qu’il est jeune, joli et qu’il a été révélé dans « Crustacés
et Coquillages », le film queer de Ducastel et Martineau, le
magazine a choisi de le mettre en avant en ces termes : « France’s
pansexual new star », terme volontairement vague pour ne pas dire
bisexuel. Édouard Collin rectifie. « j’ai simplement dit au journaliste
que j’étais jeune, et qu’il y avait autant de sexualités que de
personnes. Il voulait du croustillant et je n’ai pas voulu lui en
donner, ma vie, c’est ma vie. »
Séducteur né, Édouard sait néanmoins entretenir
le désir : « Je n’ai pas vécu grand-chose et je pense que je
ne suis jamais tombé amoureux. Quand ce sera le cas, on verra bien.
Mais je suis très ouvert ! » Quant au fait de se retrouver dans
« The Advocate », fait rarissime pour un français, qui plus
est de son âge, il commente avec une belle insouciance : « Ça
ne m’a pas fait grand-chose, mais oui, je suis content. »
Actuellement
à l’affiche au théâtre dans « Un Cœur Sauvage », la nouvelle
pièce de Christophe Botti au Tango, Édouard Collin campe à nouveau
un rôle d’homo en proie à ses premiers désirs. C’est lui-même qui
a contacté l’auteur, après avoir eu un coup de cœur pour sa pièce
« Un cœur de père », laquelle mettait déjà en scène le personnage
de Mathan. Aujourd’hui il interprète Mathan à 17 ans, un rôle « sur mesure » bien qu’Édouard se dise très différent du personnage.
« Je me suis retrouvé dans sa sensibilité. Il est très jeune
et son homosexualité le rend encore plus sensible, à fleur de peau ». Pour lui, « Un Cœur Sauvage » est une pièce sur « la
confusion des sentiments et le courage d’aimer » plus qu’un
témoignage sur le suicide des ados homos. « C’est une pièce très
optimiste. Les gens ont besoin de ça, vu l’époque dans laquelle
on vit… »
Très sollicité, le comédien n’est pas à un paradoxe
près puisqu’il vient d’interpréter dans « Madame le Proviseur », pour France 2, le rôle d’ « un fils de bourgeois du XVIème,
complètement raciste, homophobe et macho », alors qu’il était
en pleine répétition d’ « Un cœur sauvage ». Édouard rappelle
qu’il ne souhaite pas être « catalogué » et qu’il a refusé de nombreux
rôles de jeunes homos. On le verra prochainement au cinéma à l’affiche
des « Irréductibles », dans un premier rôle, hétéro cette
fois, aux côtés de Jacques Gamblin. Sa différence, il l’exprime
surtout à travers ses modèles (« Jacqueline Maillan, mon idole ! », Marthe Mercadier, avec qui il rêve de travailler, mais
aussi Josiane Balasko et François Ozon) ou encore dans son métier
de comédien.
« Je me sens très souvent décalé. Je ne comprends
pas les jeunes comédiens, ils ne sont pas très passionnés, beaucoup
n’ont pas la flamme, sont désabusés ou carriéristes, c’est terrible ! » Dans le cadre de ses cours de théâtre, il a eu récemment
la chance de jouer au Gymnase devant un public de 800 spectateurs
et constate, lyrique : « C’est mille fois mieux que de jouir ! » Information de taille, qui laisse sans voix.
Julien Grunberg
ILLICO (20 octobre 2005)
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